Il est facile pour l'artiste de se réfugier ou de s'évader dans sa tour d'ivoire.
Joël Baudouin lui rêve les yeux grands ouverts. Il contemple lucidement avec émerveillement ou désolation ce qui fait de notre époque aux mille facettes, sa richesse et ses contradictions.
Le peintre ne conteste pas systématiquement, mais la vérité et la grandeur de son constat sont à la hauteur de son talent.
Baudouin témoigne donc, avec ses moyens de peintre, par la couleur à l'état pur, et un dessin très poussé, où la minutie du détail d'ajouté à la construction très solide de l'ensemble. L'on retrouve l'élève de LHOTE dans sa couleur, et celui de Fernand LEGER dans sa composition architecturale.
Surréaliste et baroque, le peintre l'est certainement, avec cette différence que l'expression chez les
surréalistes était plus littéraire que picturale. Ici, notre homme prend tous les risques. Ce n'est pas de l'illustration ou de la bande dessinée sur grand format, c'est parfois tout cela, plus de la peinture.
La couleur à l'état pur, la forme, le graphisme, tout y est. Dans l'esprit, la volonté de choquer n'est qu'apparence : la gratuité ou le baroque du sujet est loin de l'anti-peinture.
Baudouin comme les POP'S est revenu à l'objet. L'objet, les plantes, les êtres ne font qu'un seul monde, atroce ou merveilleux, avec cette différence que la "godasse", le "corset" ou le tas de charbon, ne servent pas d'alibi à l'indigence de la création. La vision ou les phantasmes de notre homme sont ici transposés en peinture ou dans les magistrales pièces uniques en céramique. Puisque c'est de peinture et de céramique que Baudouin vit, qu'il croit et peut-être mourra.
Allant beaucoup plus loin et dépassant les surréalistes, dans son expression baroque, il réussit parfaitement son propos, de peintre et de grand céramiste, qu'explicite un sens rare de l'architecture picturale de la matière et des jeux de volume, servi par un talent de très grand coloriste.
Pour revenir à la source d'inspiration, la satire sociale explosant dans ce rire rabelaisien qui le cède à une tendresse apitoyé, il est superflu d'écrire tant le message imprègne son œuvre.
Une grandeur d'expression picturale et céramique qui classe Joël Baudouin parmi les maître de son temps.
Bernard LETU
samedi 28 mars 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire